Il y a plusieurs années que l’on sait que voltige planeur ne rime pas seulement avec grosse inertie. Les planeurs de François et les VTPR bretons recherchent déjà la légèreté. Outre-Atlantique, des modélistes admirateurs de ce style de vol mais évoluant dans des conditions météo plus anémiques ont développé un type de planeur peu onéreux, capable de voltige totale, et permettant la prise de risques sans casse.
Un style de vol entre planeur et skateboard
En quoi réside le plaisir de la voltige planeur ? Il y a sans doute autant d’avis que de voltigeurs… Ce qui est sûr c’est que le voltigeur cherche à réaliser des trajectoires et des mouvements qu’il trouve esthétiques. C’est un point commun avec quantité de sports dit « free-style » (skateboard, surf, ski, vélo, parapente…) plus ou moins médiatisés.
Les Ultrabatics (planeurs de voltige totale de charge alaire inférieure à 20g/dm²) s’inspirent non seulement des planeurs de voltige français, mais aussi de ces sports. Comme en VTPR, le jeu consiste à réaliser volontairement des figures précises, à proximité immédiate du pilote, et si possible à les enchainer sans arrêt. A ce stade on comprend que les qualités du pilote ET de la machine sont importantes ; pour piloter bien sûr mais aussi pour conserver de l’énergie (enchaîner les figures) et permettre des (dés-)équilibres inhabituels (figures de voltige totale), tout en supportant les contacts imprévus avec la planète.
Avez-vous entendu parler de la Weasel ? Beurk, une aile volante en mousse… Oui mais ! Avec cette aile Mickael Richter (dream-flight.com, Californie) a réussi un planeur très joueur, solide, performant dans le petit temps, et qui ne perd pas facilement sa vitesse. Toutes ces qualités sont recherchées dans un planeur de voltige.
Séduit par le vol de la Weasel, Steve Lange (slopeaerobatics.com, Californie) s’est fixé un objectif : les mêmes qualités (vol mais aussi robustesse) avec une géométrie classique. Pour pouvoir jouer avec la dérive, puis plus tard installer un empennage à débattement radical (ou madstab : stabilisateur pendulaire à 2 x 90°). Voici un extrait d’un texte de Steve Lange :
L’objectif de base est d’explorer ce nouveau domaine et les possibilités ouvertes par les planeurs ultra-légers. Quelles sont les limites de ce que nous pouvons réaliser en voltige en vol de pente ? C’est ce que nous cherchons à savoir. Nous voulons voler dans un style radical partout, s’engager en utilisant le relief avec de nouveaux moyens qui s’apparentent davantage au skateboard, au surf ou au snowboard qu’à la voltige traditionnelle, mais aussi voir quelles nouvelles possibilités artistiques deviennent accessibles lorsque les charges alaires deviennent si faibles que l’avion peut flotter dans l’air pendant de longues secondes, des moments fascinants, créants l’illusion du ralenti en temps réel.
Mickael, Steve, mais aussi d’autres comme Peter Richner, Dawson Henderson et Justin Gafford se sont passionnés pour cette voltige ultralégère, et ont produit de nombreuses vidéos tout à fait démonstratives. Ces planeurs sont très lents mais néanmoins mordants quand il s’agit de les bousculer. Boucles, tonneaux, renversements sortie dos se succèdent en alternance avec des flips et des vrilles plus ou moins aplaties…
Dans le deuxième volet de cette série, nous verrons pourquoi les Ultrabatics sont un moyen abordable de démarrer la voltige totale.
Pour finir, une vidéo de Dawson Henderson, à voir et écouter… Le planeur conserve parfois son altitude pendant de nombreux flips. A 1mn 27 quasiment un flip en lacet, à la dérive – généreuse !