Se poser en pente

Se poser en pente effraie souvent les pilotes habitués à la plaine. Le recours à des dispositifs techniques comme les aérofreins cassant la portance, les crocos dits aussi papillons ne sert pas à grand chose. Ces dispositifs diminuent la manœuvrabilité du modèle et sont plus dangereux que pratiques.

Ils sont même parfois fragiles et donnent un confiance inadaptée à la situation. Enfin ils compliquent le pilotage par des ordres qui se superposent à la conduite du modèle près du sol. (quel bouton, quelle amplitude, quelle phase de vol ?? etc).

Certaines pentes n’en sont pas dans le domaine de l’atterrissage: un vaste plateau au sommet permet de se retrouver dans la situation du posé en plaine. D’où leur succès: le Semnoz, N.D. de Veau font partie de ces pentes faciles à poser. Le cas des falaises de bord de mer est particulier: se poser à leur sommet implique de savoir contrer les turbulences près du sol. Leur amplitude et direction sont variables selon la proximité du bord de la falaise et la force du vent.

Quelle méthode générale pour les pentes plus ou moins prononcées des alpages?

Le principe est simple: poser en remontant la pente. Donc vent dans le dos!

Le ralentissement se fait par la pente de montée du modèle qui doit tangenter le sol. Cette manœuvre est inhabituelle mais en réalité assez facile si on l’aborde avec méthode.

Pour aborder cette manœuvre, il faut commencer par voler plus bas que la crête de la pente. Donc le plus souvent plus bas que le pilote. Revenir vent dans le dos et tourner en rasant la pente et repartir au trou.

Répéter cette manœuvre plusieurs fois.

Pour bien visualiser la vitesse sol du modèle et la présence éventuelle de turbulences près du sol, il faut se présenter plusieurs fois. La plupart du temps il n’y a pas de turbulences dues au terrain. En virant le planeur élève l’aile extérieure au virage et évite ainsi le sol. Il suffit de répéter plusieurs fois cette manœuvre du virage vent dans le dos, pour ajuster le point de tangence et finalement de se poser en partant toujours d’un peu plus bas et en virant de plus en plus tard.

Ne pas se précipiter et vouloir se poser absolument. Le poser doit être naturel et aller de soi quand la trajectoire est la bonne.

Le seul vrai danger est le caillou qui n’aura pas été visualisé par manque de reconnaissance du terrain auparavant. Avec cette méthode il devient possible de voler sur de nombreuses pentes peu ou jamais fréquentées. Voire de voler à mi pente quand le vent est trop fort. Donc d’accumuler les heures de vol et de se perfectionner en pilotage. Cette technique est utilisable avec la plupart des modèles. C’est d’ailleurs la méthode utilisée en aviation grandeur sur des terrains non préparés. Il n’y a donc à priori pas de limite de taille de nos modèles réduits. Mais là chacun voit comment apporter le modèle sur le lieu de vol…

Dans les alpages, le sommet de la pente est souvent fréquenté par les vaches. Il s’y constitue des bosses d’herbe qui rendent le posé dangereux, surtout avec les grandes plumes. Il est donc beaucoup plus pertinent de se poser en remontant la pente. Le sol y est plus lisse et uniforme.

Durant nos stages de pilotage en montagne (Copilotes), pour passer le temps entre deux séances, les élèves pilotaient leur Pixel . Ce Pixel, petit planeur à incidence intégrale, que j’avais créé pour un séjour à l’Ile d’Yeux, est réputé pour se poser un peu vite. Mais très vite ces élèves avaient compris que la seule méthode pour se poser en sécurité est bien de remonter la pente et de virer si nécessaire au dernier moment.