Les Ultrabatics, planeurs ultralégers de voltige totale – partie 3/3

Nous avons déjà évoqué l’historique des Ultrabatics et leur côté abordable. Parlons maintenant de leur côté « mauvais petit canard » …

Le côté sauvage

Il n’est pas rare d’entendre sur les pentes que tel ou tel planeur de voltige ultraléger « ne vaut rien ». Et… c’est vrai : si l’on se place du point de vue du planeur classique ! 🙂

En fait lorsqu’on essaye un planeur de ce type, il faut bien comprendre que l’on change pratiquement de discipline. Imaginez un cycliste qui essaye un vélo de cirque : s’il se place des points de vue vitesse ou même confort (ses points de vue habituels), bien sûr que le vélo de cirque « ne vaut rien ». Pourtant, pour l’acrobate qui utilise ce vélo de cirque, le vélo est optimisé !

Une vidéo de Dawson Henderson, le planeur RC comme on l’imagine rarement !

Les planeurs de voltige totale ultralégers sont déroutants sur plusieurs points :

  • la faible inertie couplée à une gros fuselage induit une finesse assez ridicule,
  • la faible masse rend le planeur difficile à tenir en l’air dans des conditions turbulentes,
  • le fuselage en planche augmente certains effets sur l’axe de lacet et masque parfois l’emplanture de l’aile à l’écoulement de l’air,
  • le centrage neutre voire arrière rend le tangage instable,
  • le madstab requiert de la mise au point,
  • etc, etc.

Mais ces faiblesses « du point de vue habituel » sont largement gommées « du point de vue du voltigeur total » par des atouts uniques :

  • voltige ventre/dos possible sans discontinuer dans 10km/h de vent en falaise,
  • figures exceptionnelles comme les flips, les vrilles à plat, les descentes sur la tranche.

Pour dompter ces engins, il faudra donc au moins 2 choses :

  • s’ouvrir à un type de vol différent des planeurs les plus répandus,
  •  prendre le temps de régler précisément sa machine, en particulier sur le centrage et le madstab.

Par exemple, concernant le madstab : le but est d’avoir un empennage capable de débattre à 2 x 90°, mais avec précision autour du neutre. Pour cela, un simple exponentiel programmé sur l’émetteur ne suffit pas ! Il faudra une commande mécanique adaptée (différents systèmes à base d’ellipses par exemple), et une programmation de l’émetteur adéquate. Pour ma part je préfère une courbe personnalisée en 3 segments à l’exponentiel. L’expo aplati trop le neutre et je n’ai pas besoin de piloter l’empennage entre 30° et 85°.

Une belle ouverture

Bien qu’ils puissent être déconsidérés par les vélivolistes classiques, ces planeurs sont l’opportunité de s’ouvrir à un autre domaine de la voltige silencieuse. Peu onéreux, relativement robustes, joueurs, capables de figures exceptionnelles dans une faible dynamique. Il m’arrive de faire évoluer mon « ultrabat » sur la côte vers Biarritz, où le surf est roi. Il n’est pas rare que les jeunes viennent s’intéresser et poser des questions, attirés par ces figures surfées sur la vague invisible d’air qui s’élève en effleurant les rochers usés par le sel…

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5 réflexions sur “Les Ultrabatics, planeurs ultralégers de voltige totale – partie 3/3

  1. François Cahour dit :

    J’aime beaucoup l’image du surf sur la vague invisible de l’air en mouvement.
    Ces pages sur les ultra légers en mousse font rêver à un pilotage décontracté et ludique qui fait exploser les références trop classiques. Ca devrait séduire les jeunes qui ont de l’énergie et de l’imagination.

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  2. aupies dit :

    « la vague fait le planeur , le planeur fait le pilote » (!)
    Ce très bel article colle à l’esprit de l’acro très près du relief , ça me donne des idées pour renouveler mes vols .
    merci

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    • aupies dit :

      aussi beaucoup aimé les declanchés en sortis de renversement et la gestion de la vitesse pour calibrer les figures en rebondissant sur le sommet de la vague .
      je vais devoir construire léger mes prochaines ailes !

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  3. aupies dit :

    Les figures s’enchaînent sans temps mort , comme tu l’écris « on change pratiquement de dicipline » : c’est plus vol 3D + surf que voltige classique , la trame de cette acro est une suite de renversements plus ou moins incisifs selon la portance que j’apellerais selon le vocabulaire des figures de skate « lip trick » ou surf « cut back » ou snap back »… un régal à regarder !

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  4. François Cahour dit :

    Il n’y a pas d’opposition entre la voltige classique faite avec des planeurs semi maquettes, la voltige ultrabatic avec des mousses bien conçues et la voltige totale avec des tout plastiques très performants. Seulement des degrés d’exigence et d’accessibilité pour chacun. Le point commun est d’exploiter le surplus d’énergie accumulée par le pilotage sur le site du moment pour voltiger.
    Mais la voltige, ce n’est pas de s’agiter dans tous les sens au gré du vent:
    La voltige classique ou totale consiste à tracer des trajectoires précise, reconnaissables par leur géométrie, avec un début et une fin marqués par les paliers d’entrée et de sortie. Si le pilote ou le planeur n’en sont pas capables ce n’est pas la faute de la définition de la voltige, mais celle des acteurs et des outils. Il convient donc de faire la voltige en fonction du site de vol, du modèle que l’on sait construire et des connaissances que l’on a acquise de la mécanique de vol.
    D’où ma formule « C’est la pente qui fait le planeur et le planeur qui fait le pilote ».
    Au sujet des planeurs chers tout plastique, comme je ne peux pas me les payer, je me les construis. C’est devenu ma méthode depuis que je me suis frotté à la compétition en F3Q et en F5B. Ça m’a appris à construire, à régler, puis à dessiner pour enfin avoir les planeurs que je souhaite.
    Ceci dit, j’aide aussi mes amis à concevoir des machines légères et économiques pour voltiger là où on peut.
    Le vol de pente sur les rivages ou les falaises permet d’accumuler des heures de vol, condition indispensable pour progresser. Le vol thermique de relief permet de voler partout si le soleil est au rendez-vous. Il n’y a donc pas d’opposition à créer mais du plaisir à partager. Et les machines seront adaptées aux conditions les plus souvent rencontrées. Après elles seront plus ou moins adaptées au terrain et au pilote. Bonnes constructions.

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